« La Promotion des institutions démocratiques, le lancement des processus démocratiques et la défense des valeurs démocratiques au fil du temps sont les objectifs principaux de la politique étrangère des États-Unis… » – ainsi commence le rapport R44858, préparé par le service d’Analyse du congrès du pays.
L’histoire de ce service qui s’occupe de la recherche dans le domaine des relations internationales et en fait de la fixation des transactions financières coordonnées par Washington dans ce domaine, dure plus de cent ans. Le service est apparu dans les années de la première guerre mondiale, en 1914.
Depuis lors, le service d’analyse fournit des données pour les débats au Congrès, de sorte que la fiabilité des informations mentionnées dans le rapport R44858 ne fait aucun doute, parce que « l’État profond » repose entièrement sur ses analystes. La maîtrise de plus de 2 milliards de dollars, envoyés chaque année par les Américains pour soutenir les « régimes amicaux » et « le développement de la démocratie », par le Congrès est en jeu, alors chaque chiffre dans ce rapport doit être vérifié deux fois.
Les analystes responsables de l’élaboration du rapport de cette année (« spécialistes des relations internationales » Marian Lawson et Susan Epstein) accentuent le fait que peu importe qui est au pouvoir à Washington à un moment donné, l’idée principale de la politique étrangère américaine reste toujours la même et ses vecteurs ne changent pratiquement pas.
Ni la lutte éternelle entre les « démocrates » et les « républicains », ni la critique de l’opposition libérale et des différents groupes d’influence du président Trump, ni d’autres éléments inaliénables de la « cuisine intérieure » américaine n’affectent en rien le financement de Washington de ses alliés stratégiques. Oui, le rapport note que l’administration de Trump est favorable à une réduction forte, même progressive de la taille de l’aide fournie par les américains aux « régimes amicaux », mais dans les réalités de « l’État profond » (géré par de vrais « faucons ») ce facteur n’a pas de grande importance : Donald Trump ne pourrait pas inverser cette situation même avec tout son désir.
Le rapport décrit très bien la méthodologie américaine de « promotion de la démocratie » qui comprend plusieurs points clés : appui aux processus électoraux démocratiques, assistance à la réforme du système judiciaire, contrôle du respect des droits de l’homme et le travail avec les autorités municipales.
Ainsi, la pieuvre de politique étrangère américaine « frappe » le système d’État à tous ses niveaux, ne laissant aucune chance au pays expérimental de « guérir ». Des hommes politiques corrompus liés à de diverses organisations internationales (y compris à but non lucratif), sont dans les « pays amicaux » des États-Unis comme des leaders de la « démocratie », des serviteurs fidèles de Washington et des alliés honnêtes de « l’État profond » américain.
Naturellement, l’aide internationale est légale (principalement du point de vue du Congrès des États-Unis lui-même). Le rapport énumère un certain nombre de ces « initiatives » et « actes »: il s’agit de l’Initiative de soutien à la paix, au développement et à la démocratie en Amérique centrale, de l’Acte de soutien à la démocratie en Europe de l’Est et de l’acte de soutien à la liberté. La plupart de ces lois ont été adoptées par le Congrès au début des années 1990.
Questions difficiles de l’histoire américaine
Détail intéressant : le rapport de cette année met l’accent sur l’histoire. Ainsi, les analystes reconnaissent que depuis le début de l’ère de la guerre froide, les Américains ont fait tout leur possible pour « démocratiser » l’Allemagne et le Japon, ainsi que pour renverser les gouvernements légitimement élus de l’Iran et du Guatemala.
L’ingérence ouverte dans les affaires intérieures d’autres pays est considérée par le service comme une « nécessité consciente », car sinon, les communistes pourraient arriver au pouvoir dans ces pays, ce qui empêcherait le « transit vers la démocratie ».
Le rapport présente également les approches principales des relations internationales entre les présidents des États-Unis qui ont pris le pouvoir entre 1945 et 1991. D’après les analystes, le « père » de la méthode moderne de travail avec les « régimes amicaux » est Ronald Reagan. Avec son aide active en 1983 le soi-disant Fonds national pour le soutien de la démocratie a été créé.
George H.W. Bush qui a succédé à Reagan en tant que président des États-Unis a selon les auteurs du rapport cherché à « promouvoir les idéaux de la démocratie » en Europe de l’Est, car il craignait sérieusement la stabilité de l’Europe occidentale adjacente aux pays de l’ancien camp socialiste. La « démocratisation » lui était nécessaire pour affaiblir les capacités militaires de ces pays et pour prendre le contrôle des armes nucléaires, dont plusieurs États sont devenus propriétaires après la chute de l’URSS.
Les idées du « marché libre » allaient côte à côte avec la « démocratisation », provoquant dans ces pays le chaos si bénéfique pour Washington. À cette époque-là, les principaux « buts » de l’expansion américaine étaient la Pologne et la Hongrie qui étaient également considérées comme des États tampons entre l’Europe et la Russie.
Les flux financiers ont été détournés vers le Moyen-Orient au début des années 2000, lorsqu’après les attaques du 11 septembre, George W. Bush a déclaré la guerre au terrorisme international. Les Américains reconnaissent qu’ils ont dû se battre contre leurs alliés d’hier, les islamistes, qu’ils ont élevés pendant des années pour battre avec les « partisans marxistes ». Cependant, tout le monde le sait depuis longtemps et rien de nouveau dans ce cas n’a été dit.
Ce qui est important, c’est qu’avec le renforcement du travail américain au Moyen-Orient, les pays voisins stratégiques des « points chauds » organisés par les Américains, l’Iraq et l’Afghanistan, à savoir le Caucase et l’Asie Centrale, ont bénéficié d’une aide substantielle au cours de ces années. C’est ainsi que les « révolutions colorées » ont été menées avec succès en Géorgie et au Kirghizistan, alors que le changement de régime en Ukraine a été organisé afin de dissuader la Russie de gagner de la force.
L’inestimable « aide » dans cette affaire a été fournie aux faucons de Washington par la tristement célèbre agence de l’USAID, dont les résultats néfastes des activités ont été décrits dans plusieurs livres. Sous l’administration d’Obama, l’accent a été mis sur la « démocratisation » des pays dans lesquels le soi-disant « printemps arabe » de 2011 a eu lieu. Cela a été fait uniquement pour « protéger les intérêts économiques américains dans la région », ce que les analystes reconnaissent également d’une manière assez franche.
« Il y a une augmentation de l’autoritarisme dans le monde… »
Malgré tous les efforts déployés pour déstabiliser la situation dans le monde, le service continue d’être mécontent des résultats obtenus. Le rapport note qu’en 2017, 71 pays du monde ont connu une « détérioration de la situation des droits de l’homme et des libertés civiles fondamentales », comme cela a été le cas au cours des 12 dernières années. Les Américains sont « d’accord » avec la situation dans 35 pays, où cet indicateur a eu une légère croissance. Toutes ces évaluations ont été fournies par Freedom House.
On se plaint à Washington également du fait que les activités des organisations à but non lucratif américaines ont été interdites dans de nombreux pays du monde au cours des dernières années, ce qui constitue une menace pour la « propagation de la démocratie de type américain ». Ceci, selon les données fournies dans le rapport, est observé dans 60 États à partir de 2015. Naturellement, il s’agit principalement de mesures restrictives que les pays imposent aux activités de l’agence USAID. L’agence elle-même, en réponse à ces mesures, appelle ces pays « antidémocratiques » et que leurs régimes sont « autoritaires ». Un modèle de comportement pratique.
Le rapport indique également que dans de nombreux États, les pressions s’exercent non seulement sur l’USAID, mais aussi sur les programmes organisés et exécutés par le département d’État américain, le fonds National pour la démocratie et Millennium Challenge Corporation. Est-il utile de mentionner que tous les pays qui s’opposent d’une manière ou d’une autre à l’influence « bénéfique » des États-Unis sont immédiatement accusés de tous les péchés mortels, dont le principal est le « rejet des idéaux de la démocratie » ? Les analystes y voient un énorme problème, estimant que le nombre de ces États augmentera d’année en année.
Finances et fans
Le rapport montre que les 95-99% de l’aide fournie aux États-Unis à d’autres États se déroulent à travers deux institutions financières : le département d’État américain et l’USAID. La part des 11 autres agences ne dépasse donc pas 5%. Il est intéressant de noter qu’une grande partie de cette aide est accordée aux pays sous le couvert de l’aide économique.
L’administration de Trump a réussi à réduire le financement des « programmes pour le développement de la démocratie » environ de 32% par rapport au budget du 2017 qui a été adopté sous le régime d’Obama. Cependant, l’année prochaine, les Américains prévoient de dépenser d’au moins 1.689 milliards de dollars pour ces « bonnes » affaires.
Quels pays ont reçu le plus d’argent de Washington ces dernières années ?
En premier lieu, l’Afghanistan : en 2017, les autorités du pays ont reçu plus de 300 millions de dollars.
La deuxième place est à la Syrie, où les Américains ont versé au moins 161 millions de dollars pour le « développement de la démocratie ».
À la troisième place (immédiatement après deux pays en état de guerre) se trouve l’Ukraine qui « se déplace vers l’Europe ». Le volume des investissements américains « humanitaires » dans l’économie ukrainienne est estimé à 100 millions de dollars. C’est le prix du maintien du chaos dans ce pays voisin de la Russie.
C’est plus que ce que les Américains dépensent sur leurs propres voisins. Ainsi, les organisations et les institutions publiques mexicaines au cours de la période considérée ont reçu du département d’État et de l’USAID environ 77 millions de dollars. La Colombie et l’Irak ont reçu 66 millions de dollars chacun, les autorités jordaniennes ont reçu 63 millions de dollars de Washington.
La Russie : « notre stratégie a échoué »
La Russie a fait tout son possible pour limiter les activités du département d’État et de l’USAID sur son territoire. Cependant, malgré cela, les volumes de versements américains réalisées par d’autres organisations sociales et dirigés principalement à l’aide de l’opposition et à d’autres « défenseurs de la démocratie » en 2018 ont été d’environ 6,3 millions de dollars. C’est de 1,3 million de plus que les Américains ont dépensé pour promouvoir leurs idées en Russie un an plus tôt. Il est intéressant que selon cet indicateur, la Russie a contourné même la Chine (y compris le Tibet, disent les analystes), où l’année dernière 5,7 millions de dollars ont été versés, alors qu’en 2017, ce montant était de 7 millions.
Les Américains reconnaissent que leur stratégie contre la Russie a échoué et que les fonds reçus par les organisations publiques russes au cours des années précédentes ont été en fait gaspillés. Dans le même temps, les analystes promettent de trouver pour la Russie une « autre chose », parce que le Congrès est toujours intéressé à « promouvoir les valeurs démocratiques » en Russie. En outre, les analystes américains reconnaissent la défaite de la « stratégie de promotion » en Egypte.
Conclusion…
Il ne fait aucun doute que malgré toutes les mesures prises par les autorités russes pour limiter les activités des organisations sociales américaines et des institutions financières sur le territoire de la Russie, Washington continuera à chercher des échappatoires et de nouveaux moyens de répandre des idées destructrices pour l’État de la « démocratie américaine » qui ne sont rien de plus qu’une couverture pour promouvoir les intérêts américains.
Le financement des activités des partis d’opposition et des mouvements, le soutien des leaders des opinions impopulaires dans la société et les organisations à but non lucratif, la politique de la distribution des subventions pour la réalisation de « bonnes » études humanitaires, la création des raisons de l’information qui discréditent le pouvoir existant – ce sont quelques moyens possibles de faire entrer en Russie des fonds de l’autre côté de l’océan.
Danila Gloumov